1/11/2010

A Day In The Life

A -week- day in the life...

À la demande générale, et parce que Julie semble penser que je vis une vie de débauche (parce que je raconte que mes histoires de fins de semaines), voici, une journée dans la vie d’une assistante de langue canadienne au CEIP Juan Armario, Alcalá de los Gazules.

Rise and shine vers 8h du mat pour aller jogger. (Hm. Ou pas.) Après 3 ou 4 ou + snoozes, une douche sans pression dans une salle de bain sans d’aération = sauna! Si je me sens très espagnole, je me toast deux tranches de pan de pueblo (du pain super dense et divinement bon) et jte garni ça d’huile d’olive et tomates ou de chorizo. Si j'ai le mal du pays (ou une dent sucrée), beurre de pinottes. Ça c'est du luxe ici. Thé marocain? ou de Grenade? Café. Instant that is. J'ai toujours pas de cafetière.

Dehors, le ciel bleu pétant donne toujours un contraste aveuglant avec les maisons blanches. Faut pas se laisser avoir, parfois le matin est f'n freezing. Et avec Levante (vent de l'Est), tu pars au vent en traversant l'arc de Plaza San Jorge parce que le vent y est "canalisé". Visite al Banco de Andalucía dans le Paseo de la Playa bordé d'orangés. (ici, ya pas une saison de batailles de boules de neiges... c'est un bataille d'oranges moisies). Hein, j’ai pas encore ma carte de débit par la poste? 3 ou 4 semaines de retard, pour la bureaucracie espagnole, c’est très peu. Marché frais local si c’est le mercredi ou le samedi, j’apprend chaque fois un nouveau nom de fruit ou légume!

Pas d’emplettes? Je prends le raccourci : Plaza San Jorge (a.k.a. Plaza Alta), je passe devant l’église San Jorge, me fait siffler par les hommes devant le -flamencoless- Flamenco bar. Bon, si les mâles disent holá! je réponds. mais quand ils me sifflent ou me « tssss tssss ! » comme un chien, ils touchent un piton dangereux... Je descend la route San Juan de Ribera, d’où la vue est extraordinaire… d’ailleurs plus qu’une fois sur deux je m’arrête pour regarder l’ombre des nuages qui glissent sur les plaines, suivre une voiture sur la route en zig zag, spotter un cheval dans la côte. Puis je prends les escaliers secrets qui mènent directement derrière l’école, en évitant tant bien que mal les innombrables crottes de chien. Passé le vendeur d'oiseaux (quelle puanteur devant se garage!), ya une boulangerie qui vend du pan de pueblo exquis.


La vue de la route San Juan de Ribera...


Les escaliers secrets, et mon école! CEIP Juan Armario!

Je résiste la tentation d’arracher une fleur des arbres devant l’école et me la mettre dans les cheveux (c’est comme obsessif compulsif chez moi), je cogne dans la fenêtre au lieu de sonner parce que Jose deteste le son de la sonnerie, et j'entre dans mon espace de travail : le secrétariat. Si c’est English Day : Good morning ! Si es día español : ¡Buenos días! Ya jamais de presse pour se mettre au boulot alors Jose et moi on se raconte la fin de semaine ou la veille, et bien sur on note des nouveaux mots.

En quoi consiste mon boulot ? Bonne question. Ça dépend des jours. Mettons qu’aujourd’hui, je traduits l’Unité 4 du programme des "5 ans". Ça veut dire créer 7 ou 8 activités genre : "inside – outside", découper les images, coller ceux qui sont des déchets inside the trash bin, et ceux qui sont des jouets outside... Je copie-colle des images de istock après quelques... "retouches" sur Paint. ("En Espagne, tout est permis" Si Jose l'a dit, ça doit être vrai!) À peu près chaque jour, Salvador, l'enseignant des boutschoux de 3 ans, entre (suivit bien vite de 3 ou 4 canetons) avec une face de « kill me... » et demande le téléphone pour appeler un parents qui doit venir changer la culotte de son p’tit. En voilà quelques-uns des classes de 3, 4 et 4 ans, lors de la Fête d'automne:



Elena, a.k.a. la muñeca (la poupée), il me manque un nom, et Juan Antonio

À gauche: Miranda (aguissable mais vite celle-là)


Eh oui, le p'tit blond c'est un des p'tits anglas, Oscar. À droite ya moi et Manuel, a.k.a. El Explorador. À côté Adriana, à peine 3 ans, a.k.a. "drawing between the lines is a work in progress".

Je vais faire mon tour dans les classes des plus jeunes au moins une fois par semaine (HORS des heures du cours d’anglais merci, faudrait surtout pas que je collabore avec la prof d'anglais tsé...) Une tune qui bouge par-çi (Head-Shoulders-Knees-Toes, If You’re Happy …) ou j'enseigne un thème de mots par là (i.e. les vêtements), on joue un jeu en anglais ou je lis un conte, tout dépend de l’âge, et du vent… ouin, ici quand y a beaucoup de vent, les enfants deviennent insupportable, c’est comme quand y a une tempête de neige chez nous.

Y a une classe en particulier, celle de 2e année, que j’adore. C’est un âge moins morveu et pas encore baveu. L’enseignante, Paloma, me défend de parler espagnol dans sa classe. L’autre jour j’ai lu Goldilocks and the Three Bears à son groupe, j’ai pas dit un mot en espagnol, et les jeunes n’ont pas dit un mot point, tous les yeux étaient rivés sur les images et j’ai la certitude qu’ils ont tout comprit. Incroyable, c’est des éponges d’information ces enfants-là.

À 11h30, la cloche sonne à 120 f'n décibels et me fait faire un infarctus à chaque coup. Les profs (qui sont pas en «childwatch duty» dans la cours d’école) se retrouvent dans salle des profs. Pause café/thé, biscuits ou autres pâtisseries pas remplissantes pentoute. Note: pour plusieurs, ça c’est leur déjeuner. Je suis convaincue que Jose, qui ne boit qu’un verre de lait le matin avant de venir, est un robot. Ça se peut pas se nourrir que de fluides de même! Et moi je meurs déjà de faim pour le lunch !

Dans la salle des profs ça parle des jeunes et du système d’éducation, d’actualité et de famille, de bouffe et de fins de semaines, de mariages, maisons… et parfois, ça potine, ça chiale de comment sont les choses à l’école, incluant les façons de faire des collègues. Dans ces temps-là je suis comme contente de pas bien comprendre l’Andalou... Souvent un jeune entre en grosse larmes avec une prune sul front ou un genou égratigné pour prendre de la glace dans le congélo. Ça fait changer le sujet.

L’autre jour, Fernando, le prof de musique, a apporté sa guitare dans la salle des profs et un cahier de chansons de noël espagnol afin d'en sélectionner quelques unes à enseigner aux jeunes. Ça s’est mis à chanter et taper des mains, envoye des voix gitanes et du flamenco ! C’était donc joyeux! J’étais aux anges !

En octobre on m’a délégué de quoi de plus gros, attention : préparer un powerpoint sur les fruits et noix de l’automne, pour présenter à tous les niveaux, watch out! (sept présentations de 25-ish minutes, ouf, faut juste pas que l'enseignant(e) s'éclipse parce que moi et la discipline en espagnole... et on s'entend que la sévérité de la "discipline" varie de pays en pays...). D’autres fois, Salva me vole pour que je surveille ses flots pendant qu’il va aux toilettes, et je sais jamais trop quoi faire! Je regarde ces petites choses étranges qui grouille et se collent à toi et parlent une langue mystérieuse qui ressemble en rien au Castillan.

En principe, je finis à 13h. Mais je finis toujours par exploiter l’internet de l’école un peu pour updater mon blogue, regarder un peu les nouvelles internationales en ligne, vérifier la météo, les bus/trains pour mes expéditions de fin de semaine… et quand Jose et moi on placote, on pratique des expressions et on se corrige. Ça apporte des situations bien comiques :

J- “Is this your shit?” showing me a piece of paper.

C- “hehe… yeah dude that’s my shit.” dis-je, pensant qu'il essayait de faire son cool avec les gros mots slang.
J- “ok, I put it on top of this pile of shits.” placing it with other paper.
C- “Haha, eh... oh. you mean, sheeeet as in a sheet of paper?? Ok ok, sheeeet = paper, shit is… well, mierda.”

On a eu la même situation avec sock (et suck) et fog (et fuck). Et de temps en temps, quand tout est silencieux dans le secrétariat, il a un besoin soudain de vérifier qu’il s’en souvient correctement et murmure en regardant dans le vide… suck. Suuuuuuck. Shit. Suck. Puis il me regarde dans le genre «je l’ai-tu?». Et moi de répondre «presque presque» en retenant le fou rire. On croirait que mon boss a le syndrome de Tourette… sshhhhit ...sssuck. C’est destonterias (niaiseries) de même qui nous rapprochent !

14h, la cloche me tue une fois de plus. Si c’est lundi les profs ont une réunion à 16h donc ils sortent luncher ensemble à la Casa Jiménez à côté. Parfois je me joins à eux. Sinon, je remonte leeeentement la côte. Holaaaa…. à tous les p’tits vieux dans leurs cadre de porte. Je me concocte un dîner en me demandant comment ceux qui finissent de travailler à 15h survivent jusqu’à 15h30 pour bouffer le premier « vrai » repas de la journée. Maudit que cuisiner seule c’est plate. Plate plate plate. Ensuite, si j’ai fêté la veille, ou si il fait super chaud : sieste. Sinon, j’écris, je gratte la guit, je bronze sul toit (bon pu maintenant), je lis, je prépare mon conte/cours d'anglais, je cuisine, je gosse un collier de hemp, je vais prendre une marche/jogging... Hm, un peu de ménage/lavage serait pas fou. Quoi que je fasse, le village est mort entre 14h et 17h. Todo Andalucía hace la siesta.

Les lundis et mercredis, je lis un conte en anglais aux p’tits du villâge à la bibliothèque municipale. La première fois, j'ai eu 53 jeunes. Holy shit balls. Deuxième fois, 53 aussi. C'était trop, genre "vos yeules! vos f'n yeules! c'est moi qui conte l'osti d'histoire ok?" On a donc splitté le groupe en deux : les 6-7 ans à 17h30, les 8-9 ans à 18h15, même conte, lu un peu différemment. Les mardis et jeudi, cours d’anglais avec les enseignants intéressés. Donc parfois on est 4, parfois on annule. Après une heure kek, y sont saturées d’anglais, alors on va prendre un café au Campanero.

Puis, je vais au Guadalinfo, centre internet gratos! Un p’tit tour au vidéoclub de Victor pour dire bonjour : un bonjour qui s’étire normalement à parler de musique pour une heure, fermer le magasin à 21h30 et aller prendre "une" bière au El Luca. Presque toujours la même gang, mais une gang sympathique. Ya Cristobal qui joue aux cartes avec d'autres bonhommes. Ya Curro l'owner ou Rosario la bartender. Y'en a deux frisés qui jouent souvent aux darts. Ya Juan le prof de philo de l’école secondaire, qui boit toujours seul pour faire arreter ses mains de shaker. Chaque fois que Juan dit qu’il s’en va, il reste une autre heure ou deux ou trois. Chaque fois que Juan commande "a last one", c’est jamais la dernière. Hence l'expression courrante "this is my last Juan!" Des fois la soirée finie tôt. Des fois ça fini tard, ici ou ailleurs, au Campanero ou au "Pub Verde" (le San Jorge, wannabe pub Irlandais), ou à la maison de campagne de Curro, ou encore dans mon salon avec les guitares... zingaling, zingaling-a-ling... qui qui travaille demain?

Song of the day: A day in the life - The Beatles


4 comments:

  1. Tu pourrais faire dire 'my diary' à Jose pour voir si ça sonne comme.. dia.. en français?
    Quelques belles expériences à tous les âges, de 3 ans à .. les vieux du bar. Les enfants sont supers..cute. Un autre mot 'cute'.
    Écrire une chanson pour l'école? pas pour le prof d'anglais. Genre chanson à répondre' pour se souvenir de ta visite avec eux?.. Très cool de parler de l'école ( hmm les jeans usés?)

    ReplyDelete
  2. BAAAAHAHAHA I laughed out loud in the office...
    shit? sheets? Shiiiites? got it?

    ;)

    ReplyDelete
  3. Hahaha j'aime bien, j'avais oublié à quel point ton style est simple mais accrocheur... j'ai pas lu depuis un bout, je vais m'y remettre.

    Moi, de mon bord, y a une prof de français dans mon école secondaire (une madame Thaï qui a étudié à Paris et parle le français comme langue seconde) et qui m'a donné un petit porte-clé en cuir pour Noël, sauf qu'au lieu de prononcer "cuir", elle a dit "couille". J'ai bien ri, pas d'elle bien sûr mais avec elle.

    buenas noches (prononcé avec un accent Outaouayen)

    - Félix

    ReplyDelete
  4. Hahaha! Is this your shit? Yes boss!
    Wow 50+ jeunes a la fois. Impossible.

    ReplyDelete